Relecture

Le parfum de l'encre fraîche flotte encore dans l'air, comme l'arôme d'un café tout juste préparé. Je pose mes yeux sur la première page de mon manuscrit, le cœur battant. C'est comme ouvrir la porte d'un café inconnu, plein de promesses et de mystères.

Les mots dansent devant mes yeux, certains brillants comme des grains de café fraîchement torréfiés, d'autres encore bruts, attendant d'être affinés. Je tourne les pages, redécouvrant l'histoire que j'ai tissée ces derniers mois.

Parfois, je m'arrête, émerveillé. Un passage me transporte, aussi puissant qu'une gorgée de l'expresso le plus fin. D'autres fois, je fronce les sourcils, comme face à un café trop amer. Ces moments sont précieux ; ils me montrent où je dois encore travailler.

Les fautes parsèment le texte comme des grains moulus éparpillés sur le comptoir. Je souris, sachant que c'est normal pour un premier jet. Même avec les logiciels de correction, je sais que je devrai sortir mon fidèle Bescherelle, comme un barista sort sa balance de précision.

Je me rappelle ce que m'a dit un jour un vieux sage : "Le premier jet, c'est toi qui te racontes l'histoire. La réécriture, c'est où tu la racontes aux autres." Cette pensée m'emplit d'excitation. Chaque relecture est une chance de rendre mon histoire plus savoureuse, plus riche.

Parfois, je me perds dans les méandres de mes propres pensées, comme dans un labyrinthe de ruelles étroites. Mais soudain, je tombe sur une phrase qui me coupe le souffle, aussi parfaite qu'un latté art minutieusement dessiné. Ces moments-là font tout valoir la peine.

La relecture de ce premier jet est comme la première dégustation d'un nouveau mélange. Il y a de l'excitation, de la curiosité, et oui, parfois une pointe d'appréhension. Mais chaque page tournée est une promesse, une opportunité de perfectionner cette création qui est mienne.

Alors que le soleil se couche, je ferme mon manuscrit avec un mélange de fierté et d'impatience. Demain est un nouveau jour, une nouvelle chance d'affiner cette histoire que j'ai eu le courage de coucher sur papier. Et qui sait quelles merveilles je découvrirai encore dans ces pages encore chaudes de création ?